Un manuel pour l’étudiant en nouvelle médecine de l’âme
Bahram Elahi, Fondamentaux du perfectionnement spirituel : le guide pratique, Paris, Dervy, à paraître novembre 2019.
« Cette Voie, disait Ostad Elahi, n’est pas la voie des mots, c’est la Voie de l’action et on y progresse uniquement par l’action »* . Mais comment passe-t-on à l’action ? Par où commencer ? Et dans quel esprit faut-il travailler ? L’exposé des fondements de la spiritualité naturelle – cette spiritualité qu’Ostad Elahi décrivait comme « la nouvelle médecine de l’âme » – appelait un complément pratique, un viatique, une sorte de livret de l’étudiant. C’est chose faite désormais avec la parution de ce Guide pratique. Son auteur, Bahram Elahi, annonce qu’il sera prolongé par une série de quatre autres volumes à paraître. L’ensemble constitue les Fondamentaux du perfectionnement spirituel, et ce livre-ci en est incontestablement le noyau. Ponctué d’encarts et de schémas, il a été conçu comme un manuel, et c’est comme tel qu’il convient de l’aborder : le Guide pratique est le manuel de la nouvelle médecine de l’âme.
* Ostad Elahi, Paroles de Vérité, Paris, Albin Michel, 2014, parole 6.
L’ouvrage répond plus particulièrement à un double objectif :
- exposer de manière synthétique les notions et les principes qui sont à la base du perfectionnement spirituel de l’homme, qui lui permettront d’accomplir sa nature et d’atteindre son but (« la Perfection ») ;
- présenter les instruments et les méthodes qui permettront à chacun de mettre en œuvre ce perfectionnement de manière pratique (« in vivo »), sur le terrain de la vie quotidienne, dans une perspective de transformation de soi.
Les figures du moi
C’est dans cet esprit que Bahram Elahi recommande, préalablement à la lecture de l’ouvrage, l’étude attentive d’une dizaine de figures détaillant la structure et le fonctionnement de l’âme (ou « moi réel »), semblables aux schémas anatomiques et physiologiques employés pour l’étude du corps humain dans le domaine médical. Le lecteur est invité à s’y projeter mentalement en se suggérant qu’il s’agit de son propre moi. Cet exercice préparatoire doit le mettre en condition pour aborder le commentaire détaillé qui constitue la riche matière des chapitres qui suivent.
Thèmes directeurs
L’avant-propos et le prologue insistent sur l’orientation résolument pratique de l’ouvrage, tout en expliquant pourquoi il est nécessaire de définir un cadre général – mais aussi une terminologie spéciale, suffisamment précise – afin de bien orienter ses « travaux pratiques » en matière spirituelle.
Plusieurs thèmes directeurs se dégagent de ces chapitres introductifs.
- Développer son humanité. Nous sommes dans l’ignorance de ce que nous sommes réellement : « nous ne savons pas qui nous sommes réellement ni quelle est notre Origine, pourquoi nous sommes sur terre, ni surtout quel est notre devoir essentiel dans ce monde ». Pour s’extraire de cet état d’« amnésie spirituelle » (voir chap. 10), il est nécessaire d’amorcer un travail de transformation de soi dont l’objectif dernier est de se rendre « acceptable » pour rejoindre son Origine et bénéficier sans limite de la générosité de l’Un. Cette transformation de soi consiste principalement à identifier – puis à lutter contre – le « soi impérieux », cette puissante énergie psychique en nous qui pousse à penser et agir à l’opposé de l’éthique et qui est la cause véritable du mal et du malheur parmi les hommes (voir chap. 11 et chap. 14). Envisagé de cette manière, le perfectionnement spirituel n’est rien d’autre que le perfectionnement, par chacun, de son humanité.
- L’éducation de pensée juste. Pour mener cette tâche à bien, il faut prendre conscience du fait que la transformation de soi obéit à des conditions et des schémas de causalité précis. Le perfectionnement de notre humanité passe donc par une éducation de pensée portant sur les « principes éthiques et divins justes » qui constituent les conditions du perfectionnement spirituel (les « principes essentiels » sont détaillés au chap. 1, ainsi qu’au chap. 15). Pour enclencher une véritable dynamique de transformation, cette éducation doit être appuyée sur une foi bien ajustée (d’où des développements importants sur le sens qu’il convient de donner aux mots « Dieu » et « divin », mais aussi sur l’idée de « guidance divine », aux chap. 3-5 et 18).
- La raison saine. L’« éducation de pensée juste » est un apprentissage comparable au cursus d’une science expérimentale telle que la médecine. Elle doit conduire au développement d’une « raison saine » (voir chap. 2), c’est-à-dire une raison capable d’appréhender la dimension spirituelle des choses en plus de leur dimension matérielle.
« Pour arriver à la Perfection, il est […] nécessaire d’aborder le perfectionnement spirituel comme le cursus d’une science expérimentale, semblable à la médecine, ce qui signifie notamment que tout ce que l’on veut comprendre en spiritualité, il est indispensable de le comprendre à travers sa raison et sa conscience de soi habituelle (état normal de la conscience de soi) en évitant tout état de conscience modifiée (état anormal de la conscience de soi) qui perturbe la raison. »
Les concepts fondamentaux et les principes de la nouvelle médecine de l’âme ont un caractère universel :
« ils concernent toutes les créatures douées de raison, sans restriction, et bien entendu tous les hommes, quelles que soient leur culture ou leur confession ».
Bahram Elahi ajoute :
« D’un bout à l’autre, j’ai été guidé par le souci de ne pas en rester à une approche théorique. J’ai voulu dégager l’âme de ces vérités, et frayer le chemin qui permet à chacun d’y accéder. »
Une approche pragmatique
C’est dans cet esprit que plusieurs chapitres reviennent sur la nécessité de développer une approche pragmatique de la spiritualité. C’est en effet le seul moyen de développer effectivement sa raison saine. Les principes éthiques et divins justes, chacun doit les expérimenter et les assimiler « in vivo », c’est-à-dire de manière personnelle, dans le cadre concret de la vie quotidienne et au contact des autres (chap. 6-7).
À Lire également : « Fondamentaux du perfectionnement spirituel : le Guide Pratique par Bahram Elahi » paru dans Le Monde des Religions le 29 octobre 2019.
La « nouvelle médecine de l’âme » remplit ainsi une fonction thérapeutique que chacun doit pouvoir vérifier pour son compte : appuyée par une raison saine, elle permet de « discerner et connaître les vérités relatives à l’état de santé de son âme » et de « traiter ses points faibles ou défauts caractériels d’ordre éthique ou divin ».
Le Guide pratique décrit en ce sens les démarches concrètes qui sont requises pour parvenir à se connaître, c’est-à-dire à reconnaître en soi-même les manifestations des défauts caractériels d’origine animale, tels que la dureté de cœur, l’orgueil, l’avidité, le manque de volonté, l’ingratitude, etc. (chap. 13). Ce travail de connaissance de soi suppose de déplacer le centre de gravité de la conscience : il s’agit de sortir de son ego (le « moi conscient de surface ») pour atteindre le « moi conscient profond » ou « guide intérieur » à travers lequel s’exprime en particulier ce que l’on appelle couramment la « voix » de la conscience (chap. 10-11).
Toujours dans le souci d’aiguiser notre attention aux conditions réelles de la pratique spirituelle, le Guide pratique décrit le mode opératoire qui permet de lutter efficacement contre les pulsions, les désirs et les ruses du « soi impérieux » à travers lequel s’expriment les points faibles en activité (chap. 14).
Une redéfinition de la prière
Parmi les outils et méthodes que l’auteur recommande en accompagnement de cette pratique « in vivo », l’exercice quotidien d’« attention-dialogue » occupe une place centrale. Sa signification et ses modalités concrètes sont détaillées au chap. 12. Il s’agit de rien de moins que d’une redéfinition du sens même de la prière, au-delà des conventions rituelles et des détails accessoires :
« Ce que nous appelons “attention-dialogue” n’est pas une prescription rituelle particulière mais une forme de prière universelle, praticable par toute personne qui est sincèrement en quête de Vérité, quelles que soient sa croyance et sa culture. »
C’est dire que l’attention-dialogue est parfaitement compatible avec la pratique des prières rituelles prescrites par les religions. Mais de même qu’Ostad Elahi a défini une « quintessence des religions » qui en extrait les principes fondamentaux et universellement partageable (chap. 4), on pourrait dire que ce chapitre sur l’attention-dialogue concentre une sorte de quintessence de toute prière sincère.
Bahram Elahi aborde ce sujet à partir d’un faisceau de notions qui mobilisent à nouveau les schémas présentés en ouverture du livre. Il s’agit en effet de contrôler les flux de pensées qui traversent le moi, tout en dirigeant son attention vers son « guide intérieur » pour ne pas se laisser happer par les préoccupations qui agitent constamment l’ego. Positivement, on s’efforcera de concentrer son attention sur le « flux divin » qui enveloppe toute chose, et à travers lequel s’exerce la générosité de l’Un. À quoi s’ajoutent certaines conditions concernant l’intention qu’il convient d’adopter pour bien orienter sa prière. L’enjeu est notamment de se défaire d’une conception spontanément (et parfois subtilement) mercantile de la prière, sur le modèle « donnant-donnant ».
Conclusions
L’ouvrage se conclut sur une série de courts chapitres récapitulatifs : une analogie simple (celle du trajet en automobile) se trouve développée dans tout son détail pour résumer les différents enjeux du parcours du perfectionnement (chap. 17, « En route vers l’Origine ») ; une dernière mise au point est consacrée à la signification du mot « Dieu » et à ses contrefaçons imaginaires (chap. 18) ; une « recommandation » nous rappelle à notre « devoir essentiel » (chap. 19), tout en précisant au passage la portée du terme « Vérité » ; enfin, « quelques points pratiques clés » (chap. 20) permettent de revenir de façon synthétique sur les trois aspects essentiels du « cycle des fondamentaux » du perfectionnement spirituel : 1°) ajuster sa foi, 2°) développer suffisamment sa raison saine, 3°) perfectionner son humanité.
L’épilogue qui clôt l’ouvrage remet tout en perspective en se fondant notamment sur un manuscrit inédit d’Ostad Elahi. Chacun pourra le découvrir par lui-même. Pour le lecteur qui a traversé le dense massif des deux cents et quelques pages de cet ouvrage, ce chapitre est comme une récompense. Il ouvre une lucarne sur la scène prodigieuse sur laquelle se joue le perfectionnement des âmes ; il fait pressentir concrètement, profondément, l’ampleur de l’enjeu.
Laissons pour finir la parole à l’auteur :
« nous recommandons avec insistance de ne pas négliger le côté spirituel de notre vie sur terre et de ne pas y gaspiller notre temps précieux pour des pacotilles. »
L’étudiant qui s’apprête à s’engager dans le cycle des fondamentaux du perfectionnement spirituel, ou qui veut en approfondir les matières, saura trouver dans cette exhortation une motivation supplémentaire. Désormais muni d’un nouveau manuel, il n’a d’une certaine façon plus d’autre choix que de se mettre au travail.
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Vous nous mettez « l’eau à la bouche », nous avons hâte d’avoir ce manuel entre les mains ! Merci pour votre bel article !
Merci pour cet exposé qui me met « l’eau à la bouche »!
J’ai hâte de me plonger dans ce livret pratique…
Cet article et cet ouvrage viennent à point nommé. Ils exaltent mon coeur. Merci!
Impatient de l’étudier !!
La sortie de ce nouvel ouvrage, marquera le nouveau T0 de mon éducation de pensée/pratique spirituelle …
Merci de ces bonnes nouvelles et de cet article très intéressant.
Je n’attends donc qu’une chose – de lire cet ouvrage !!
Je trouve que condenser les principes spirituels et leur mise en pratique dans un guide est une excellente chose. Cela permet la rationalisation de la réflexion et donne les fondements de l’action et de la mise en pratique
Est-ce possible de développer la phrase suivante: « Envisagé de cette manière, le perfectionnement spirituel n’est rien d’autre que le perfectionnement, par chacun, de son humanité. » ?
Voici ce que j’en comprends :
Par chacun = démarche personnelle et volontaire.
Développement de son humanité = la lutte contre le soi impérieux nous permet d’accéder à nos défauts caractériels qui nous empêchent de développer les qualités divines vers un soi idéal en accord avec les vérités divines.
Que de pistes à explorer afin de parfaire le cheminement vers la Perfection. Merci à l’auteur de cet article et surtout à l’auteur du manuel.
Ce livre est impressionnant. Il est clair, détaillé, précis, et les illustrations en couleur contribuent à une compréhension en profondeur. Le style supporte le fond et le sens. A la lecture et on ressent un impact certain, fort. On comprend. Ce livre ouvre de grandes perspectives. Le lecteur est invité à une recherche intérieure, un voyage en soi-même en connexion avec le divin. C’est simple, percutant, et pénétrant. Avec la force de l’authenticité, du vrai.
Tout à fait d’accord avec ce commentaire, à la lecture de ce livre on ressent un impact fort, un peu comme si ça résonnait et ça faisait echo a l’intérieur de soi à la lecture du texte. Les analogies, les métaphores et le vocabulaire utilisés sont très parlants et permettent de rendre tangible les concepts qui y sont exposés. Bref, beaucoup de choses commencent à devenir plus claires dans ma tête.
Ce guide est magnifique!
Pour moi l’attention-dialogue est la prière philosophale
Merci
Bonjour à tous,
J’ai 53 ans. La Voie de la Perfection a bouleversé ma vie. J’ai toujours cru en Dieu et j’étais pratiquant mais malgré toutes mes recherches, je trouvais que ce qu’on enseignait dans les lieux de culte était trop faible et manquait de logique, et je suis tombé sur ce livre il y a une vingtaine d’année.
Ca a été pour moi une réponse du « ciel » à mes nombreuses questions: les vies successives, la justice divine etc… Cependant il y a un point que je ne comprends toujours pas et que j’essaye de comprendre. Je continue à faire des recherches, ça concerne la résurrection.
Les écrits sacrés parlent d’une fin du monde, de la résurrection etc…
Ce que je voudrais savoir, c’est si nous avons de nombreuses vies pour atteindre la perfection et que nous faisons des allers retours afin d’arriver à la perfection en pratiquant l’éthique et en nourrissant nos âmes des nourritures divines, que veulent dire les textes sur la résurrection corporelle si nous avons plusieurs corps. Dans quel corps se fera cette résurrection, le dernier corps, ou bien est ce que la résurrection est une résurrection spirituelle? ou bien les textes sacrés qui parlent de resurrection corporelle sont des métaphores? si quelqu’un peut me donner une réponse pour étancher ma soif ce serait super.
merci
Bonjour @aziz,
Des chapitres entiers de l’ouvrage Connaissance de l’âme, d’Ostad Elahi, traduit en français, sont relatifs à cette question. La question de la destination de l’âme est même, je crois, l’objet essentiel de l’ouvrage. L’auteur y est parfois assez elliptique, je trouve, mais c’est une invitation, je crois, à méditer sur ces questions.
Les derniers ouvrages ou versions d’ouvrages de Bahram Elahi donnent des clés d’interprétation. À vous d’y faire des recherches et vous pouvez vous aider des versions numériques. Il faut notamment peut-être redéfinir ces adjectifs « matériels » et « spirituels », puisqu’il me semble que l’auteur explique que l’intermonde est lui aussi matériel, même s’il n’est pas, en l’état actuel de la science ou en tout cas sans outil spécifique ou méthode adaptée, accessible physiquement. Il peut y avoir plusieurs sortes ou plusieurs niveaux de « matière ».
Bonjour Kbld,
Merci pour ta réponse cher ami. Effectivement j’ai lu le livre Connaissance de l’âme, et effectivement il traite du sujet mais donne 3 croyances du commun des mortels: la 1ere la résurrection corporelle, la 2ème la résurrection spirituelle et enfin la 3ème un mélange des deux. En revanche, je n’ai pas saisi son point de vue et sa conclusion sur le sens profond de la chose.
En tout cas, je te remercie d’avoir pris la peine de me répondre, je continue à chercher tout en essayant de faire au mieux notre combat intérieur.
Bon courage et merci encore.
@aziz
De rien :).
Ostad Elahi a parlé et écrit sur beaucoup de sujets, mais tous ne sont pas à mon sens aussi importants les uns que les autres. Si tu es intéressé par le concept de matière, alors il faut faire des études de physique fondamentale et espérer que nous serons vivants au moment où la science connaîtra plus la matière de l’intermonde (la matière noire ?), que tu fasses alors partie des meilleures équipes de chercheurs et que tu aies les compétences pour comprendre. Entre temps, ou à défaut, à partir du moment où l’on comprend qu’il y a une résurrection et un compte, cela me paraît être l’essentiel.
À titre personnel, je retiens plus de Connaissance de l’âme les incises ou phrases, dites au passage dans ses raisonnements mais soulignées (en italiques dans la traduction française). Ce sont des phrases que l’on peut utiliser souvent dans les raisonnements spirituels que l’on tient, je trouve.