Prenons le temps de réfléchir

Par , le 17 Déc. 2025, dans la catégorie Articles - Imprimer ce document Imprimer
échecs stylo prudence

« Cette voie… n’est pas la voie des mots, c’est la voie de l’action et on y progresse uniquement par l’action » (Ostad Elahi, Paroles de vérité, Paris, Albin Michel, 2014, p. 39, parole 6) : la voie du perfectionnement spirituel n’est ni une voie mystique qui exigerait de se retirer de la vie en société, ni une philosophie se bornant à élaborer un système théorique cohérent d’explication du monde et de la place de l’homme en son sein. Il s’agit d’un processus de transformation de l’âme qui, pour s’accomplir, requiert que celui qui s’y engage y travaille activement, en luttant contre ses points faibles et en s’efforçant de respecter les principes éthiques et divins justes. Or ce travail de transformation ne peut se faire uniquement en pensée et doit passer par des actions concrètes, au contact des autres. Aucun doute, il faut entrer dans la lutte et ne pas redouter de descendre dans l’arène pour affronter son soi impérieux.

Attention cependant à ne pas en conclure trop vite que la réflexion ne jouerait dans ce processus qu’un rôle accessoire, que toute prétention à l’analyse ou à l’introspection ne serait au fond qu’une perte de temps ou la preuve certaine d’un excès d’intellectualisme.

Les trois textes que nous proposons de (re)découvrir montrent au contraire l’importance de la réflexion et de l’analyse dans le travail quotidien de l’étudiant spirituel. En effet, ne nous méprenons pas : « l’action » inclut un effort de réflexion et d’analyse, qui doit certes être tourné vers l’action concrète, mais qui nécessite qu’on y consacre un certain temps, comme le montre bien Isabelle Najar, dans Répression sans réflexion n’est que ruine de l’âme. Une pratique spirituelle efficace nécessite, en complément de la répression de nos pulsions et actes anti-éthiques, de prendre le temps de s’interroger sur nos pensées, actions et émotions, afin d’identifier les mécanismes profonds qui sont à l’oeuvre, de cerner plus finement nos points faibles et les tactiques de notre soi impérieux, et donc d’améliorer la pertinence de notre travail éthique. Dans cet objectif et à rebours de la tendance à nous laisser submerger par le traitement des affaires courantes, la tenue d’un carnet de bord constitue un outil particulièrement intéressant pour créer ce cercle vertueux action-réflexion (et tirer des leçons spirituelles de nos expériences quotidiennes) (Le carnet de bord: un outil pour pratiquer l’éthique). C’est en outre un moyen de tirer des leçons spirituelles de nos expériences quotidiennes car si nous ne réfléchissons pas aux expériences vécues, quel profit pouvons-nous en tirer ? Les expériences ne sont pas en elles-mêmes des facteurs de développement de notre raison saine : c’est à nous de les mettre à profit, en commençant par y réfléchir avec un point de vue spirituel. Par ailleurs, lorsqu’elle prend la forme de la prudence, vertu dont les implications s’avèrent bien plus vastes que ce que l’on aurait envisagé de prime abord, la réflexion se révèle extrêmement profitable, ainsi que le développe Sophie Levasseur (Éléments pour une pratique de la prudence).

Trois articles à (re)découvrir

echecs Répression sans réflexion n’est que ruine de l’âme

Le travail du perfectionnement de l’âme passe avant tout pour Ostad Elahi par la pratique éthique. Si je veux me perfectionner, je dois faire en sorte que mes actes, mon comportement, mes paroles et ma pensée même soient en tous points éthiques. Vaste programme, et c’est bien pourtant ce à quoi nous devons tendre. Car le travail du perfectionnement n’est rien d’autre que l’effort accompli pour atteindre cet objectif. (…)

stylo et cahier Le carnet de bord : un outil pour pratiquer l’éthique

Le fait de tenir un journal de bord peut être utile à plusieurs titres dans la pratique de l’éthique. C’est une aide précieuse dans le processus de connaissance de soi. Noter ses expériences a une première utilité évidente : en plus du fait que c’est un moyen de lutter contre l’oubli, cela nous aide à focaliser notre attention sur notre vécu quotidien, nous incite à l’analyser et nous motive à définir un plan d’action pour le jour suivant visant à corriger les erreurs de la veille. (…)

Éléments pour une pratique de la prudence

Des vertus cardinales héritées des morales de l’antiquité, la prudence est aujourd’hui celle qui est le moins naturellement associée à l’idée de morale. Le mot a même pris des connotations négatives : il évoque plutôt une forme de calcul ou de frilosité peureuse, voire une incapacité à vivre pleinement et passionnément sa vie. L’homme prudent, bien loin du sage aristotélicien, serait un triste sire, un mollasson et irrésolu dont l’existence exclurait toute prise de risque et toute fantaisie. (…)


Creative Commons License Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons

Revenir en haut

Pas de commentaires

Url de rétrolien | S'abonner aux commentaires de cette page

Déposer un commentaire

Les commentaires de ce site sont modérés et ne seront donc visibles aux autres lecteurs qu'une fois validés
Rappel des mentions légales

e-ostadelahi.fr | © 2025 - Tous droits réservés | Mentions légales | Plan de site | Contact